vendredi 10 août 2007

La peine de mort en question

Me voici plongé dans ce livre de Robert Badinter, à qui l'on doit l'abolition de la peine capitale en France, il y a 26 ans. Ce droit de vie et de mort que l'on accordait aux juges et jurés, et en dernier recours à un seul homme : le Président de la République.
Comment peut-on justifier tuer un homme ou une femme en punition d'un meurtre ou assassinat. Comment peut-on à son tour tuer "légalement" ?
Vaut-il mieux condamner à la peine capitale pour apaiser le peuple, au risque de tuer un innocent, ou bien emprisonner avec une chance de révision du procès ou de réhabilitation du condamné ? L'affaire dite "du pull-over rouge" s'avère être une erreur judiciaire qui a coûté la vie de Christian Ranucci.
Alors les pro-guillotine argueront du fait que la peine capitale servirait d'épouvantail aux criminels, qu'ils réfléchiraient au risque suprême encouru avant d'agir... Aux États-Unis, où la peine de mort est appliquée, le nombre de crimes dépasse largement celui d’autres pays où elle ne l’est pas, comme en Europe Occidentale. Une étude prouve qu'aucune augmentation des homicides n'a été observée et qu'aucune recherche n'a prouvé que les exécutions avaient un effet plus dissuasif que les peines de prison à perpétuité. Dans un article datant de 1971 (juste après le drame de la Centrale de Clairvaux) et retranscrit dans le livre, Robert Badinter démontre bien que la peine de mort, qui pesait sur Buffet et Bontems, n’a pas empêché l’épilogue dramatique pour leurs 2 otages. Un homme peut donc être exécuté sans avoir de sang sur les mains puisque Bontems n’avait pas tué les otages. Autre preuve que la peine de mort n’a pas d’effet dissuasif sur le criminel : Patrick Henry savait qu’il jouait sa tête en étranglant le petit Philippe Bertrand, mais ça ne l’a pas empêché de le faire !...
Enfin, outre le caractère inutile et inhumain de la peine de mort, il est évident que la personnalité et le passé de l’accusé jouent un rôle prépondérant devant la Cour d’Assises, le menant ou non à la guillotine.
En abolisant en 81 la peine de mort, la France a réalisé un grand pas vers l'humanité que de nombreux États n'ont malheureusement pas encore franchi. En 2005, sur les 199 États que compte l’ONU, 114 étaient abolitionnistes. Mobilisons-nous donc pour l'abolition UNIVERSELLE de la peine de mort. C'est notamment le moment de lancer une vaste campagne demandant un moratoire sur toute exécution à l’occasion des JO de Pékin, qui débuteront dans pile 1 an, début août 2008.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je suis absolument daccord avec cet article. Comment peut-on prétendre disposer d'un quelquonque droit de vie ou de mort sur des humains? Ne sommes-nous pas tous égaux? Alors quel est donc ce sur-homme qui déciderait de la mort de son égal?
Certes, la notion de justice s'éteinds, la balance pèse de nos jours du coté d'un gouvernement qui veut taire la polémique...

JFMarty a dit…

Ca fait du bien de lire de sposts de ce type... de voir que de plus en plus de Français condamnent la peine capitale. Merci Jenn